Quatre dimanches, quatre bougies et à ces quatre bougies, on a associé beaucoup de symboliques. Cette année, j’ai choisi une de ces symboliques : quatre bougies, quatre étapes de l’histoire du salut.
Quand Dieu est devenu Père, il n’a rien laissé au hasard, d’ailleurs, voilà longtemps qu’il y pensait, voilà longtemps qu’il s’y préparait, voilà longtemps qu’il préparait ce qui devait l’être, longtemps, depuis des générations. Depuis Abraham, notre père dans la foi, depuis Moïse qui a conduit le peuple de l’esclavage vers la liberté.
Le 1er dimanche de l’Avent, nous avons allumé la 1ère bougie, la bougie des patriarches dont le 1er est Abraham. Le 2ème dimanche de l’Avent, nous avons allumé la 2ème bougie : celle de Moïse.
Nous sommes appelés à nous mettre en route vers Noël : en route, comme autrefois les Hébreux, nos ancêtres dans la foi, se sont mis en route, pour répondre à l’appel de Dieu et ont cheminé avec lui, ont découvert la liberté et appris la confiance.
Vous connaissez sûrement Moïse, mais peut-être aimerez-vous tout de même relire son histoire :
Il va mourir, il le sait. Il n’a pas peur, il a confiance. Il est fatigué, fatigué des responsabilités, fatigué de marcher, fatigué de guider un peuple à la nuque raide, ramassis de râleurs ingrats qu’il aime pourtant de tout son cœur… Fatigué et en même temps rassasié de jours, car il est arrivé au bout de ce qu’il devait faire sur cette terre. Et croyez-moi, il a fait beaucoup, beaucoup de choses ! Pourtant à sa naissance, les choses avaient bien mal commencé. Il est né dans la famille de Lévi au temps où Pharaon avait ordonné de faire tuer tous les garçons nouveaux-nés. Il a eu la vie sauve parce que deux femmes ont eu du courage et de l’amour à revendre : sa mère qui l’a caché au péril de sa vie, avant de le placer dans une corbeille étanche qu’elle a confié aux eaux du Nil et puis, la fille de Pharaon qui a eu pitié de lui et l’a élevé comme son fils alors qu’elle savait qu’il était fils d’un Hébreu. Elle l’a appelé Moïse, ce qui veut dire « retiré des eaux ». Il a eu deux mères, une juive et une égyptienne.
Ce n’est que plus tard, devenu adulte, qu’il a découvert tout cela. Il a pris fait et cause pour son peuple, les Hébreux. Il avait la passion de la jeunesse et il a mal agi, il a tué un Egyptien qui maltraitait un de ses frères hébreux. Alors, il a dû fuir loin de l’Egypte. Lorsqu’il y repense, il sait que cela aurait pu bien mal tourner, car le désert est dangereux : il aurait pu être tué ou réduit en esclavage par des brigands, être attaqué par une bête sauvage ou bien mourir de soif ou de faim.
Mais il n’en a rien été. Avant qu’il le sache, Dieu était avec lui : il l’a aimé, protégé, conduit et préparé pour une mission. Il n’est pas mort, au contraire il s’est marié, il a fondé une famille et puis est arrivé ce qui a bouleversé sa vie : il a rencontré Dieu. Il ne l’a pas vu, personne ne peut voir Dieu, mais il l’a entendu parler. Dieu lui parlé et Il lui a dit qu’il avait entendu les cris de détresse de son peuple. Il l’a envoyé, lui, Moïse, pour faire sortir son peuple d’Egypte et le conduire vers le pays qu’Il avait promis de donner à Abraham et sa descendance et que les Hébreux avaient quitté autrefois lorsque leur ancêtre Joseph était ami de Pharaon.
Moïse a essayé de se défiler. Il ne me sentait pas de force à remplir la tâche que Dieu lui demandait d’accomplir. Il pensait qu’il ne saurait pas parler aux Hébreux : parler en public, ce n’était pas truc. Il pensait que les Hébreux ne lui feraient pas confiance, après tout, ils ne connaissaient pas : pourquoi lui feraient confiance alors qu’il avait vécu la plus grande partie de sa vie à la cour de Pharaon ? Et puis, il avait peur ! Il avait peur de Pharaon : il avait grandi dans sa maison, avant de lui tourne le dos et de le trahir. Pharaon n’est pas réputé pour son esprit de pardon et de miséricorde. Moïse a essayé de se défiler. Mais on ne dit pas non si facilement à Dieu. Dieu lui a simplement dit qu’Il serait avec lui. Et c’est vrai, Il l’a accompagné, Il lui a donné la force de convaincre les Hébreux qu’il était l’envoyé du Seigneur. Il a été bien plus difficile de convaincre Pharaon : on ne renonce pas facilement à tout un peuple d’esclaves. Mais on ne s’oppose pas à Dieu, même quand on est Pharaon et qu’on se prend pour un dieu. Il a dû les laisser partir.
Les Hébreux ont quitté l’Egypte et l’esclavage, à la hâte, sans même prendre le temps d’attendre que le pain ait levé pour le faire cuire. Mais le plus difficile restait à faire : le projet de Dieu était de faire des Hébreux un peuple d’hommes libres et responsables, libres de l’aimer, responsables devant lui de leurs actes. La marche vers la terre promise devait leur apprendre la confiance, la foi. En fait, ils n’ont pas été à la hauteur de l’amour que nous Dieu leur avait montré : dès les premières difficultés, certains ont parlé contre lui, certains se sont même révolté et l’ont rejeté. Pourtant Dieu n’a pas renoncé, car Il est fidèle à sa parole, Il a continué de prendre soin de son peuple, leur permettant de trouver eau et nourriture en suffisance. Il a même fait plus, après leur avoir donné la liberté, Il leur a appris quoi en faire : Il leur a donné des lois, pour vivre en harmonie avec lui et en paix les uns avec les autres, Il voulait que leur vie soit guidée par l’amour, amour pour lui et pour l’autre, le prochain et qu’ainsi, ils soient messagers en ce monde de son amour et de sa volonté de salut pour l’humanité. C’est très exigeant quand on réfléchit bien. Mais Dieu avait déjà une idée derrière la tête : faire naître parmi eux, le Messie, le Sauveur de l’humanité, celui qui saurait pleinement vivre sa volonté, celui qui saurait déclarer son amour à ce monde et à cette humanité.
Moïse, lui ne verra pas cela, pas plus qu’il ne verra l’installation de son peuple en terre promise. Sa vie s’arrête de ce côté-ci du Jourdain, il ne verra la terre promise que de loin, c’est Josué qui conduira le peuple sur la terre promise. Il a fait sa part : comme Dieu le lui avait demandé, il a conduit son peuple de l’esclavage vers la liberté, des portes de l’Egypte aux portes de Canaan et c’est déjà beaucoup pour une vie d’homme. Dieu, lui, poursuit son projet. Moïse va mourir il le sait. Il n’a peur, il a confiance. Il est heureux, heureux d’avoir été un élément de l’histoire d’amour de Dieu pour l’humanité, un maillon de la chaîne, qui doit conduire à la venue du Messie, un Messie que d’autres déjà annoncent, Esaïe notamment… mais je ne vous parlerai pas d’Esaïe aujourd’hui…