C’est l’histoire d’un pasteur. Toute sa vie, il a été au service de sa paroisse et de l’Évangile. Il ne s’arrêtait jamais et était apprécié de tous. On disait de lui qu’il était un bon pasteur.
Mais un jour, après de longues années de maladie qui ne mettront jamais à mal son espérance, la mort le frappa et se retrouva à l’accueil du paradis. Le standardiste lui proposa gentiment un café en attendant que son dossier d’admission ne soit traité.
Tout d’un coup, le calme du paradis fut brisé avec l’arrivée de Jean-Paul ! Une fanfare apparaît, des anges se précipitent pour l’accueillir, les bouchons de champagne sautent et c’est la grande fête ! Tous crient : « Bravo Jean-Paul ! »
Notre pasteur, bien qu’humble, retourne à l’accueil du paradis et un peu jaloux de ce qu’il vient de voir, demande : « qui est donc ce Jean-Paul qu’on accueille avec tant d’honneur ?
— Jean-Paul ? C’est un chauffeur de taxi parisien, répond le standardiste.
— Quoi ? Un tel accueil pour un chauffeur de taxi, s’énerve le pasteur, j’ai sacrifié ma vie à Dieu et on me demande de patienter avec un simple café ? »
Alors le standardiste regarda le pasteur et dit calmement : « Durant vos sermons et les cultes, beaucoup finissaient par s’endormir. Alors que les clients de Jean-Paul priaient vraiment Dieu de tout leur cœur à chacun de leurs trajets tant il conduisait mal ! » Cette petite histoire pourrait bien illustrer Jérémie 9, 22 et 23 où il est dit :
22 Voici ce que déclare le Seigneur :Que celui qui est sage ne se vante pas d’être sage !Que celui qui est fort ne se vante pas d’être fort !Que le riche ne se vante pas d’être riche !23 Si quelqu’un veut se vanter, qu’il se vante plutôt d’être capable de me connaître et de savoir que moi, le Seigneur, j’exerce la bonté, la justice et le droit sur la terre, toutes ces choses qui me plaisent, déclare le Seigneur.
trad. Nouvelle Français Courant Lire.la-bible.net
Mérite et grâce ! Voilà deux dimensions qui interpellent continuellement le chrétien et l’être humain en général. Qu’est-ce qui relève de la grâce et qu’est-ce qui relève du mérite ?
La petite histoire du pasteur et le passage de Jérémie portent ces deux dimensions de la foi et de l’engagement chrétien, mais bousculent les logiques humaines. Car Dieu n’est pas de ceux qui scruteraient les CV de chacun et compterait les bons points. Bien au contraire ! Ses critères vont complètement à contre-courant de ce que notre société attend. Avec Dieu, il ne sert à rien de se vendre. De faire soi-même sa propre promotion ! D’être le plus performant ! D’être le meilleur ! Dieu accueille tout aussi bien notre chauffeur de taxi que le pasteur. La raison est simple : Dieu a un jugement d’amour !
Mais alors, pourquoi se casser la tête avec tout ça ?
La seule fierté à laquelle il est possible de prétendre est celle qui fait plaisir à Dieu. Ou pour le dire autrement, celle de se joindre à sa joie. De le connaître et de vivre en le reconnaissant. Et cela n’est pas si compliqué que cela. C’est reconnaître que je suis aimé de Dieu et reconnaître que l’autre, mon voisin, celui que j’apprécie comme celui que je n’aime pas est lui aussi aimé de Dieu ! Être fier de l’amour qu’il nous porte et d’être encore plus fier de l’amour qu’il porte à l’autre !
Amen.
Benjamin Buchholz, pasteur à Ittenheim