Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles.
Psaume 98, 1
Préambule
Comme pour les semaines précédentes, je vous propose un temps de prière et de méditation que je vous invite à vous approprier et à imprimer pour celles et ceux de votre entourage qui ne peuvent avoir accès à internet.
Écris en « je » pour les personnes seules, il est tout à fait possible de dire les choses en nous si on est à plusieurs ou de laisser le texte tel quel.
Pour celles et ceux qui impriment le texte et ne peuvent écouter les temps musicaux, vous pouvez aisément prendre n’importe quelle musique qui vous fait du bien.
Je vous souhaite un bon temps de prière et de méditation.
Fraternellement
Benjamin Buchholz.
Ouverture
Seigneur,
De nouvelles lueurs d’espoir naissent avec l’annonce du déconfinement. Oui, un petit espoir d’en voir le bout. Mais rien n’est encore joué, l’avenir reste incertain.
C’est pourquoi je viens à toi aujourd’hui dans cette double tension. Avec l’envie de sortir à nouveau et de retrouver un semblant de normalité. Mais d’un autre côté, il y a aussi la crainte qui est toujours présente.
Sans toi, ces deux écarts me donnent le vertige. Je sens bien que l’équilibre est fragile.
Donne-moi, dans la lecture de ta Parole, dans la prière de garder pied. Accompagne-moi de ton Esprit afin qu’il me porte sur mon chemin incertain. Redis-moi ton amour de Père, pour moi et tous mes proches.
Amen.
Musique, silence ou chant
Louer (prière écrite par Jehan Claude Hutchen)
Tu es, Seigneur, comme un trait de lumière, venu du fond des temps, du plus loin des espaces, déchirer les ténèbres de la vie du monde.
Mais il en faudrait tant de ces traits de lumière !
Tu es, Seigneur, comme une main offerte, tendue du fond des âges, venue de nos mémoires arracher à la mort ce qui nous reste d’un mouvement de vie.
Mais il en faudrait tant de ces mains ouvertes, pour que la paix vienne sur l’humanité !
Tu es, Seigneur, comme un de ces espoirs d’aimer, pour qu’un souffle de vie fasse chanter les lendemains des hommes !
Sois la paix que nous ne pourrons jamais construire seuls, la paix qui change le monde, la paix qui change les hommes[1].
Amen.
Prier pour déposer et recevoir
Seigneur,
Aujourd’hui est un jour particulier pour l’Église. Traditionnellement, ce dimanche est un jour où on chante plus fort que les autres. Les chorales sont invitées à entonner leurs chants, les musiciens à partager leurs talents. Oui, toutes les églises chantent habituellement ce jour.
Mais aujourd’hui, c’est le silence. Que ce soit dans l’église, mais aussi dans la rencontre avec ceux que j’aime et ceux que tu mets sur ma route. Silence et distances se confondent ensemble.
Et moi je suis là avec ma petite voix incertaine. Mon cœur, qui tape à des rythmes qui ne semblent plus se contrôler. La musique que j’entends est celle de mes peurs et de mes doutes. De mes actes manqués qui martèlent si fort que j’ai bien du mal à écouter ton chant de vie.
Dans mon cœur, je veux déposer en toi tout ce qui engendre ces désaccords dans la musique de ma vie.
Temps de silence.
Merci, Seigneur, d’accepter mon chant discordant. De me rappeler sans cesse que toi, plus que quiconque, tu sais entendre la musique de mon cœur. Merci de me rappeler que je suis pour toi comme ton enfant et que tu m’aimes comme un père aime son enfant. Amen.
Musique, silence ou chant
Méditation
Luc 19, 37 à 40
37Tandis qu’il approchait de Jérusalem, par le chemin qui descend du mont des Oliviers, toute la foule des disciples, pleine de joie, se mit à louer Dieu d’une voix forte pour tous les miracles qu’ils avaient vus. 38Ils disaient : « Que Dieu bénisse le roi qui vient au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel et gloire à Dieu au plus haut des cieux ! »
39Quelques pharisiens, qui se trouvaient dans la foule, dirent à Jésus : « Maître, fais taire tes disciples ! » 40Jésus répondit : « Je vous le déclare, s’ils se taisent, les pierres crieront ! »
—
Après avoir relu ce passage, j’ai eu besoin de faire un test ! Oui, il fallait que je vérifie quelque chose : est-ce que les pierres crient ?
Ni une ni deux, j’ai décidé d’aller me promener avec mon chien dans un champ aux abords du village afin de vérifier si les pierres criaient véritablement. Je me suis bien sûr muni de mon attestation de sortie obligatoire, sans savoir si je devais cocher la case sortie quotidienne ou raison impérieuse ! Car oui, il y a un véritable enjeu impérieux dans mon test : vérifier la parole de l’Évangile ! Est-ce que Jésus dit vrai ?
Arrivé au champ, je tends l’oreille. J’entends le calme de la campagne avec quelques voitures qui passent au loin. Je m’arrête devant une grosse pierre qui jalonne une parcelle et j’écoute. La pierre ne crie pas et ne fait aucun son, et je vois dans le regard de mon chien qu’il se demande ce qui se passe. Elle a quoi de spécial cette pierre ?
Devant cette situation plutôt cocasse, je comprends que le test est réussi !
Mais que signifiait ce test, par l’absurde ? Car la phrase de Jésus comme mon test sont évidemment tous deux absurdes. Que veut nous dire Jésus par cet exemple des pierres qui pourraient crier alors que nous savons bien que ce n’est pas le cas ?
La question n’est pas celle des pierres, mais celle de ce qui a provoqué la formule de Jésus : l’injonction faite aux disciples de se taire.
Et d’une certaine manière, nous vivons un peu la même injonction. Comment exiger des croyants qu’ils n’expriment pas leur foi et ne disent pas leur joie de la présence de Dieu ? Ou pour le dire d’une autre manière particulièrement actuelle aujourd’hui : comment vivre le culte et sa foi avec la distanciation sociale que nous devrons garder un temps au-delà du confinement ? Il en va de même avec nos proches que nous devons physiquement éviter, ou garder à longue distance. C’est l’amour qu’on leur porte qui nous oblige à les garder distants. La raison est certes sanitaire, mais il y a quelque chose de profondément absurde.
—
Mais mon expérience avec la pierre n’est pas seulement réussie parce qu’elle porte en elle cette absurdité que je soulignais. Je mentirais si je disais que j’attendais véritablement de savoir si les pierres allaient crier ou non. Car si elles l’avaient fait, je m’inquiéterais très certainement de ma santé mentale ! Non, la question n’est évidemment pas là. Car devant la pierre, je n’ai pas à attendre qu’elle crie les louanges de Dieu, mais c’est bien à moi de crier la louange à Dieu. Oui dans le fond, c’est peut-être la pierre qui attendait que je crie !
Ou pour le dire autrement, comment est-ce que je prie Dieu ? Comment est-ce que j’aime ? Suis-je capable de faire preuve de la même joie que les disciples dans le texte ? Et aujourd’hui, à l’heure de la distanciation physique plus que sociale, comment vais-je bien témoigner de ma foi et de mon amour pour mes proches, malgré toutes les contraintes qui s’imposent ? Comment accompagner l’autre et celui que j’aime et qui fait partie de mon existence ?
Pour actualiser notre texte nous pourrions dire : même si nous devons rester à distance, même si pour le moment les lieux de cultes sont fermés, l’amour, et l’amour de Dieu continueront à trouver leur chemin pour être témoignés. Même s’il faut passer par des mails, des courriers, ou toutes autres nouvelles manières que nous inventerons pour entretenir nos liens.
Ou, en une phrase : l’amour ne peut pas être tu.
L’enjeu est bien là. Il faut réinventer les manières d’être. Que ce soit en tant que chrétiens ou plus distancier. Réinventer les relations familiales et amicales. Réinventer les proximités. Réinventer les façons de se retrouver, d’aimer et de vivre sa foi.
—
Le chantier peut paraître colossal, surtout lorsque nous marchons à tâtons et au jour le jour comme actuellement. Il paraît de plus en plus difficile de se projeter, car nous ne connaissons que peu l’avenir qui se présente.
Mais en y réfléchissants, les disciples qui suivaient le Christ n’avaient pas beaucoup plus de certitudes sur quoi que ce soit et de quoi sera fait l’avenir. Bien au contraire, ils ne pouvaient rien prédire et en aucun cas imaginer la suite des événements. La seule chose qui est certaine, c’est qu’ils ont été touchés par le virus de l’Évangile. Et peut-être bien que nous avons quelque chose à apprendre de leur expérience.
Peut-être qu’ils n’étaient pas confinés et qu’ils avaient la possibilité de se retrouver sans craindre pour leur vie, ce qui est à relativiser sur certains aspects. Mais, ce que nous dit le texte de leur réaction, c’est qu’ils criaient cette parole de bénédiction : « Que Dieu bénisse le roi qui vient au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel et gloire à Dieu au plus haut des cieux ! »
Et je crois que nous pouvons faire de même, peu importe la situation à laquelle nous avons à faire face. Souhaiter du bien est déjà une des plus grandes prières ou louanges. Oui, rien ne nous empêche de prier pour nos proches. Rien ne s’oppose à la louange ou au chant de joie. L’amour ne se confine pas.
Faites vous-mêmes le test. Même devant une pierre silencieuse, vous entendrez les voix de ceux que vous aimez et qui vous aiment. Dieu se glisse entre toutes ces voix.
Amen.
Musique, silence ou chant
Prière d’intercession et Notre Père
Seigneur,
Dans les prochains temps, beaucoup d’écoliers vont reprendre le chemin de l’école. Le chant de leurs cris se fera à nouveau entendre. Accompagne-les dans retour attendu par beaucoup et incertains pour d’autres. Sois avec eux, mais aussi avec leurs parents. Tu sais combien l’angoisse est grande.
Mais sois aussi avec ceux qui restent encore chez eux. Qui ne peuvent sortir et retrouver le chemin de l’école, peu importe la raison. Qu’ils puissent toujours recevoir l’accompagnement dont ils ont besoin et donne à leurs parents de pouvoir continuer à jongler entre toutes les tâches qui s’imposent.
Seigneur,
Je veux également te prier pour toutes les personnes qui ont en charge d’organiser ce retour à la normale.
Que ce soit les enseignants, directeurs et maires qui doivent organiser l’ouverture des écoles, tout comme toute personne qui doit mettre en place les meilleures conditions d’ouverture de son commerce, de son établissement, de son entreprise. La charge est lourde et périlleuse, soutiens-les dans cette tâche.
Seigneur,
Je veux aussi te prier pour le personnel hospitalier et tous ceux qui travaillent pour protéger notre santé. Qu’ils puissent trouver la force et le réconfort dont ils ont besoin. Donne à tous ceux qui ont pu observer et reconnaître leur travail de ne pas les oublier une fois la crise passée. Eux aussi doivent être protégés.
Seigneur,
Je veux te prier pour les intermittents du spectacle et tous les artistes qui sont eux aussi touchés par la crise. Ta lumière passe aussi par leurs œuvres et leurs actions. Donne-leur la confiance et le soutien dont ils ont besoin.
Seigneur,
Je te prie encore pour toutes les personnes isolées, pour qui le confinement se vit toute l’année. Les personnes seules, nos anciens dans leurs maisons ou en instituts spécialisés, les blessés de la vie. Qu’ils ressentent au fond de leur cœur ta chaleur.
Et enfin Seigneur,
Je veux te prier pour ceux qui ont la charge de veiller au bon déroulement de la société. Peu importe leur fonction. Qu’ils soient un visage de fraternité et de solidarité pour tout le monde.
Seigneur, il y a encore des prières que je ne saurais te dire. Des personnes pour qui je voudrais te prier plus spécialement. Dans le silence, je t’adresse toutes mes prières.
Temps de silence
Et comme ton enfant, je veux te prier comme Jésus-Christ me l’a enseigné en te disant :
Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, pour les siècles des siècles.
Amen
Bénédiction
Jésus Christ a dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Moi, je ne donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne s’alarme pas et ne se trouble pas ».
Donne-moi de marcher sur le chemin de la vie, confiant en ta présence Seigneur. Amen.
[1] Livre des prières, Sociéte Luthérienne, Éditions Olivétan, Jehan Claude Hutchen, p.163