« Bonne année ! Et surtout la santé, c’est le plus important, surtout en ce moment… » Voilà des mots que vous entendez sûrement autant que moi ces derniers jours ! C’est de saison… Mais je dois dire que cette année, plus encore que les autres années, ces mots m’agacent !
A n’en pas douter, ils sont pleins de bonnes intentions et ces bonnes intentions font chaud au cœur. Mais ils m’agacent, car ils sont symptomatiques d’un monde et d’une époque où la vision de l’être humain est devenue réductrice.
« Surtout la santé… c’est le plus important ! » Ah bon ? Et le bonheur ?! Et l’amour ?!
Je ne dis pas que la santé n’est pas importante. Bien sûr qu’elle l’est ! Mais que mettons-nous derrière ce mot ? Nous mettons avant tout une réalité biologique. C’est oublier que l’être humain n’est pas une machine ! Il n’est pas que chair, il est aussi âme, esprit, cœur et surtout relations.
Une étude d’Harvard sur le développement adulte qui a suivi pendant 75 ans 724 personnes montre que les personnes qui vieillissent dans les meilleurs conditions et qui se sentent heureuses sont celles qui sont entourées, qui ont de belles et bonnes relations avec leurs proches et qui sont tournées vers les autres. Les personnes qui soignent leurs relations avec leurs proches, celles et ceux qui sont généreux, qui s’engagent dans des projets caritatifs ou les soutiennent sont plus heureux et en meilleure santé que les autres. Autrement dit, ce n’est pas la santé qui rend heureux, c’est l’amour qui rend heureux et contribue à notre bonne santé.
Bien sûr, l’actuelle pandémie questionne et fragilise nos relations aux autres. Mais n’oublions qui nous sommes et ce qui compte vraiment !
On entend tant parler de « gestes barrières » et de « réduction des contacts sociaux » que j’en viens à craindre que nous y perdions notre âme, notre humanité. L’être humain n’est pas une machine à travailler et produire, il est aussi âme, esprit, cœur et surtout relations.
Loin de moi l’idée qu’il ne faille pas prendre de précautions avec ce virus qui met en danger surtout les plus fragiles et fragilise encore un peu plus notre système de santé. Mais l’isolement tue aussi ! Lors du premier confinement, la fermeture des EHPAD aux visites des proches a tué des résidents qui se sont laissés mourir de chagrin. Si les choses se sont un peu améliorées sur ce point, le masque qui empêche de lire sur les lèvres ou de voir les sourires, les mains qu’on ne serre plus et les gestes de tendresse qu’on n’ose plus continuent d’isoler et de faire souffrir… Et que dire de nos enfants ? Eux aussi, et on l’oublie trop souvent, font partie des personnes vulnérables, pas au niveau de leur santé physique, mais au niveau de leur santé morale et psychique parce que ce sont des personnes en construction. Comment peuvent-ils se construire sereinement lorsque les médias rabâchent régulièrement qu’ils sont les « vecteurs » de l’épidémie et qu’ils mettent donc en danger leurs proches? Comment peuvent-ils se construire quand le seul espace où ils peuvent voir des sourires est la maison ? Quels adultes deviendront-ils s’ils intègrent l’idée que l’autre est dangereux ?
Je n’ai pas de réponse, beaucoup de questions… Mais voici ce que je vous souhaite pour cette année : beaucoup d’amour ! Être aimé beaucoup et surtout aimer beaucoup (Dieu, vos proches, votre prochain). Ne prenez pas seulement soin de votre santé physique, prenez soin de tout votre être et pour ça : priez, méditez, lisez (la bible est une valeur sûre !), soyez généreux avec celles et ceux qui ont moins, soignez vos relations avec vos proches, avec votre prochain, avec Dieu, venez au culte pour prendre le temps de la halte et du ressourcement (vous y serez accueillis en toute sécurité avec masque, gel hydro-alcoolique et assez de place pour veiller à la distanciation) au sein de la communauté, une denrée rare et précieuse en ces temps étranges où le repli sur soi est en vogue… Vous n’êtes pas qu’un corps, vous êtes aussi âme, esprit, cœur et relations. Ne l’oubliez pas ! Que Celui qui, en Christ, est venu partager notre humanité, vous accompagne et vous bénisse ! Bonne année !